Quatrième étape : Santiago – Santa Maria

Nous ne comptions plus le nombre de fois où nous avions dû expliquer aux personnes qui nous accueillaient que nous allions tenter de traverser les Andes en vélo. Depuis quelques jours, cette explication se conjugue au passé, non sans une certaine fierté comme vous pouvez sans doute l’imaginer. Notre dernière tartine vous avait laissés à la fin de notre séjour à Santiago.

Le matin de notre départ, nos jambes et notre charmant fessier comprennent rapidement qu’ils vont devoir à nouveau donner de leur personne. Se trouve en ligne de mire ce jour là la ville de Los Andes qui est un parfait point de départ pour entamer l’ascension des Andes. La journée se passe sans accrocs même si nous sentons que nous n’avons plus roulé depuis quelques jours. Une fois de plus, le discours classique est de sortie pour trouver un endroit pour bien dormir et être d’attaque le lendemain. Première tentative dans l’église du coin qui, à défaut de nous apporter un toit, nous offre un sac rempli de nourriture alors que nous n’avions rien demandé de tout cela (grand merci au Padre Sergio). Il faut croire que notre barbe d’un mois et la (non-)fraicheur de notre attirail n’ont pu l’empêcher d’exercer la charité chrétienne. Après une deuxième tentative au commissariat du coin qui se soldera par un échec, nous sommes accueillis à bras ouverts par nos amis les pompiers. Après avoir partagé un verre et quelques précieux conseils avec deux collègues cyclistes venus d’Angleterre, nous tentons non sans mal de fermer l’oeil.

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C’est avec un petit sentiment d’appréhension que nous nous réveillions: « Sommes nous assez préparés pour une telle expédition?, Est-il possible de trouver un endroit pour dormir là-haut? Quelle quantité d’eau devons nous prévoir?,.. ». Malgré ces différentes inconnues, nous partons, prêts à en découdre. Ce jour là nous roulons 47 km au relief très exigeant, passant de 600 à 2100 mètres d’altitude. Nous campons dans un endroit connu des aventuriers de notre trempe, au pied de la partie la plus laborieuse de notre ascension.

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Nous y retrouvons David, un incroyable anglais de 55 ans, jardinier de profession, qui a déjà plus de 9000 km dans les pattes. Une fois la conversation entamée, il est très compliqué de l’arrêter. Il faut dire que ce dernier n’est jamais à court d’anecdotes, toutes plus incroyables les unes que les autres. Lorsque nous en demandons davantage sur ce qui nous attend le lendemain en terme d’effort, un chilien qui viviat là haut nous explique: « Si ce que vous avez fait aujourd’hui représente une difficulté de 3, vous devrez affronter une difficulté de 10 demain ». Je ne sais pas si notre ami tentait de nous rassurer…auquel cas, c’était râté!

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Qu’à cela ne tienne, si nous étions arrivés jusque là et si David, du haut de ses 55 berges, prévoyait de dormir en Argentine le lendemain soir, rien ne devrait nous empêcher de faire de même!
Après un dodo réparateur, nous nous levons prêts à en découdre. Comme prévu nous nous retrouvons au pied d’une route qui serpente autant qu’elle monte. Celle ci comporte 32 virages, numérotés.

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Une fois le bon rythme trouvé, il ne faut plus trop réfléchir et faire tourner les jambes. Au sommet, un tunnel de 3 km sépare les deux pays. Nous ne pouvons le traverser à la force de nos jambes parce qu’il est trop dangereux. Les services de sécurité routière chargent donc nos vélos et nos trois carcasses pour nous faire passer dans notre deuxième pays d’adoption.
Ca y est, cette fois c’est fait: nous avons traversé les Andes à vélo!

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La descente se révèle bien moins plaisante que prévue. Nous nous imaginions déjà battre des records de vitesse avec une grande facilité mais le vent en voulut autrement! Sur notre route vers Mendoza, nous faisons la rencontre de Micky, un allemand baroudeur de 47 ans. Il est content de pouvoir faire partie du « Belgian Train » (surnom qu’il nous donne) pour une série de kilomètres qui nous mènera à une petite auberge du côté de Mendoza pour refaire le plein d’énergie le temps d’une journée.

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Pour les Bikeslackers, l’arrivée en Argentine devient rapidement synonyme de camping sauvage. Les villages sont moins nombreux et le dodo sous tente nous offre une plus grande flexibilité. Les jours défilent, à l’instar des paysages magnifiques et des kilomètres. De nouvelles habitudes naissent et une nouvelle routine s’installe: recherche d’un endroit à l’abri des regards aux alentours de 17h30, installation des tentes, sortie de la bache, mise en place de la sono, partie endiablée d’échec, cuisine en casserolle (nouvel achat gagnant) toujours aussi variée et, clou de la soirée, petit moment d’évasion grâce à un épisode d’une série. Au réveil, nous nous amusons à debriefer les rêves et cauchemards de chacun ainsi que la qualité du sommeil de la nuit fraichement écoulée.

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Depuis Mendoza, nous avons fait le choix d’éviter les plus grosses routes afin d’apprécier au mieux les parcs environnants (Valle Fertil, Ischigualasto, Talampaya). Cet itinéraire nous a permis d’admirer des paysages à couper le souffle. Les mots nous manquent mais les photos devraient en partie témoigner de leur splendeur.

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Pour ne vous conter que quelques anecdotes, nous avons d’abord rencontré un personnage assez ahurissant du côté du parc de Talampaya. Nicola, 31 ans, chef d’entreprise à 15 ans et aujourd’hui philantrope, à la tête d’une fondation aidant les gens dans le besoin. Après avoir discutaillé plus d’une heure, il finit par nous prendre en photo sous toutes les coutures, étant un grand amateur de photographie. Il nous faut aussi vous expliquer que la chance semble encore et toujours nous sourire. Une courte semaine après avoir traversé les Andes, deux motards nous apprenaient que le poste frontière par lequel nous étions passé avait été fermé quelques jours après notre traversée à cause d’une tempête. Cette dernière empêchait le passage de tout véhicule pendant plusieurs jours! Pour continuer avec les « coups de bol », nous avons réussi à emprunter une magnifique route qui s’élevait jusqu’à 2060 mètres d’altitude alors qu’elle était en plein travaux et donc fermée à toute circulation. En effet, nous fûmes arrêtés à plusieurs reprises lors de notre ascension pour nous signifier de rebrousser chemin. Heureusement, nous avions, au préalable, reçu l’autorisation de Javier, un des chefs des travaux. Un simple « Javier a dit que » suffisait à rembarer nos interloctueurs. Tout cela ne nous empêcha pas de porter fontes et vélos sur 50 mètres, la route étant barrée par un éboulement causé par les travaux.

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Dans le même registre, le soleil brille sur les corps luisants de nos amis bikeslackers n’ayant pas vu tomber une goutte de pluie depuis le 13 avril. En attestent nos marques de bronzage de plus en plus visibles. Pour le plus grand plaisir de Codême, la poisse ne semble pas avoir pu suivre le rythme effrené imposé par les BS lors de leur ascension des Andes.

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Nous sommes aujourd’hui à Santa Maria, à seulement trois jours de vélo de Salta. Etant donné nos échéances footbalistiques à venir, nous avons été contraints de prendre notre premier bus pendant près de 300km. D’après les dires des argentins, les jours de vélo qui nous attendent annoncent des paysages toujours plus dingues.

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